NOTION DE "TERROIR"
La notion de terroir en France
Alors que je traduisais une présentation de notre vin de Faugères en anglais, j’ai butté sur la traduction de « terroir ». J’ai donc appelé à l’aide un ami australien, passionné de vin ; et il m’a fait part de sa perception.
« La notion française de terroir s'intéresse à l'ensemble des conditions qui vont influencer la biologie de la vigne et la composition du raisin lui-même : c’est à la fois un climat, un sol, un paysage et des hommes avec leur savoir-faire . C'est donc la conjugaison de nombreux facteurs : températures nocturnes et diurnes, précipitations, ensoleillement, pente et drainage, entre autres. Tous ces facteurs interagissent pour former, dans chaque parcelle d’un vignoble, ce que les vignerons français appellent un terroir ».
Le terroir est donc au cœur du système d'appellation français, lui-même construit par plusieurs siècles d'expérience et d'observation. Ce système a conduit à une délimitation très précise et détaillée de la qualité, à l'identification d'un nombre limité de cépages considérés comme bien adaptés au terroir ainsi qu’au climat d'une région particulière. Elle a par ailleurs conduit à la prescription de méthodes de taille et à la définition des rendements maximums et des degrés alcooliques requis.
En outre l’histoire montre que les vignobles de France ont été plantés à l'origine dans des terroirs trop déficients pour supporter d'autres formes d'agriculture.
Après cet échange, j’ai donc choisi de ne pas traduire le terme.
Les vignerons de pays plus neufs n’ont pas nos contraintes : l’exemple de l’Australie
Cependant, à cette occasion, j’ai découvert que si les vignerons australiens n'ont peut-être ni le prestige ni le pouvoir de commercialisation des producteurs français, ils ont en revanche d’autres avantages : libérés de la rigidité et des contraintes d’un système d'appellation, ils peuvent faire du bon vin dans des conditions plus souples que celles imposées aux français par leur tradition ou leur réglementation.
Le vigneron australien d'un passé récent n'a, semble-t-il, sans doute jamais tenté de corréler la typicité des sols avec des cépages particuliers sans nécessairement chercher à relier type de sol et qualité.
Les pratiques locales tendraient pourtant à évoluer : en vue d’améliorer la qualité, des professionnels ont tenté de définir le type de sol idéal pour l’élevage de la vigne. Sur un terreau plutôt sableux, ou bien parsemé de gravier et de petites roches fragmentées, le sol doit être profond, bien drainé, d'une fertilité faible à modérée. Il ne doit pas présenter de carences en minéraux et doit avoir une capacité de rétention d'eau apte à fournir à la vigne une humidité suffisante pour éviter une défoliation prématurée.
En Faugères, nous sommes bénéficions d’un terroir très favorable :
A la suite de cette remarque, j’ai naturellement fait le lien avec nos sols en Faugères. Leurs schistes pierreux, sont naturellement bien drainés. Et l’apport en humidité reste satisfaisant. Bien entrainées à glisser leurs racines dans les fissures de la roche pour aller chercher de l’eau en profondeur, nos vignes ont résisté aux fortes chaleurs de l’été 2022: c’est ce que nous avons pu constater en cette année de longue canicule; en dépit de l’absence de pluie entre juin et août, pour les vendanges les grappes étaient belles, protégées du soleil par un feuillage abondant et encore vert. Certes les rendements sont faibles, mais nous espérons retrouver avec plaisir dans ce nouveau millésime, la minéralité de nos schistes, les arômes de la garrigue environnante, la puissance du soleil et la fraîcheur de nos monts.