MONTHELYS MILLESIME BIO

A l’occasion du dernier salon Millésime Bio 2023 qui s’est tenu à Montpellier, nous avons assisté le 31 janvier à un intéressant débat animé par le rédacteur en chef des Echos*. Son thème : Avons-nous conscience de tous les bienfaits de la viticulture biologique pour notre société ?

En exergue, JF Pécresse* nous a rappelé l’importance du vignoble bio en France. « Avec 160 000 ha (en conversion ou certifiés), notre pays reste le premier producteur de vin bio, les surfaces dédiées ayant été multipliées par 20 en 20 ans. Désormais 20% des surfaces viticoles sont cultivées en bio ,ce qui représente le double de pourcentage constaté pour l’agriculture en général. »

Avec une offre abondante, et des vins souvent plus chers, les ventes de vin bio semblent malheureusement avoir atteint provisoirement un pallier. Quels sont les signaux qui nous alertent de ce ralentissement ? En premier lieu, en grande distribution (30% du volume), à titre d’exemple, les volumes de vente de vins bio ont diminué davantage que ceux de vins non bio. Par ailleurs, selon une enquête récente du CSA, si les consommateurs ont bien conscience des apports bénéfiques du bio à l’écologie, ils ne mesurent pas ceux du bio sur leur santé, sans vraiment reconnaître non plus la qualité des vins produits.

Une fois ce constat effectué la parole a été donnée à deux acteurs très impliqués dans le suivi de la filière; tous deux nous ont apporté un éclairage argumenté sur les bienfaits du bio. Chez Monthélys, à l’instar de nos confrères vignerons en Faugères, nous en sommes convaincus et sommes heureux de relayer ici leurs commentaires.

L’agence bio est un organisme d’Etat au service de l’intérêt général pour nous aider, nous concitoyens, à faire des choix éclairés. L Verdeau, sa directrice confirme que si jusqu’à présent il y avait pénurie d’offre dans le secteur du bio, aujourd’hui c’est la demande qui patine. Il s’agit selon elle, d’un phénomène conjoncturel, pour des questions de pouvoir d’achat, mais pas uniquement. Le foisonnement récent de labels concurrents « simili bio » sème le trouble dans les esprits et nuit à la clarté de l’offre, mettant en avant des démarches qui n’apportent pas à la collectivité un vrai retour sur investissement. 300 chercheurs de l’INRAE travaillent actuellement dans le cadre d’un méta- programme à en quantifier les bienfaits et démontrer comment chaque euro consommé en bio génère de la valeur. Elle nous l’a rappelé : le label bio, AB, c’est une caution de l’Etat (et non d’intérêts marchands), une sorte de diplôme qui valide des pratiques dont on est en mesure de quantifier l’impact. D’ailleurs, pour atteindre l’objectif de 18% des surfaces agricoles en bio en France, nous dit-elle, il va falloir combler le « déficit de désirabilité » actuel, ce « green gap » qui paradoxalement veut qu’on souhaite comme voisin un agriculteur bio, mais qu’une fois au marché, lorsque l’on remplit son panier, on l’oublie.

L’Agence de l’eau a pour mission première de mettre tout en œuvre protéger la ressource en eau et la préserver. K. Boisset, représentant l’agence Rhône Méditerranée et Corse, nous présente son analyse de la situation. En France 45% seulement des rivières en bon état. Pour les 65% qui ne le sont pas, dans la moitié des cas les polluants que l’on retrouve ce sont des pesticides de synthèse : là se situe l’enjeu crucial ; en corollaire il cite les herbicides et plus particulièrement le glyphosate et ses métabolites qu’on retrouve dans 8 analyses sur 10. Et si l’on regarde plus précisément la qualité de l’eau disponible dans le territoire qu’il suit, en Occitanie sur les 4 départements littoraux il y 76 captages prioritaires référents, dont 74 sont classés pour cause d’herbicides de synthèse. La démonstration de la nuisance de ces produits est donc claire. Or précisément, ces herbicides sont interdits en viticulture bio. En revanche selon notre intervenant, le cuivre agricole, objet de polémiques, toléré en viticulture bio, pour l’agence de l’eau ce n’est pas un sujet, la source agricole du cuivre ne faisant pas l’objet de plans d’action. Il précise que l’agence en a détecté la présence de façon très anecdotique et avec des concentrations 50 à 100 fois inférieures à la norme acceptable.

Pour ceux que cela intéresse, vous pourrez retrouver l’intégralité de la conférence sur You Tube ( Millésime bio/ conférences)

Henri MONTEUX